Parlons Climat : « nous avons urgemment besoin de rallier l’opinion publique ».

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Comment des structures d’un nouveau genre se mettent au service du climat.


Ce ne sont ni tout à fait des médias, ni des collectifs de militants et pas non plus des entreprises. Parlons Climat en France, Britain Talks Climate au Royaume-Uni ou Fossil Free aux États-Unis sont des structures hybrides qui poursuivent un but : accélérer au service de l’urgence climatique. A mi-chemin entre le média, l’agence de communication, et le lobbying, elles fédèrent des compétences variées et entendent donner davantage de poids aux associations qui luttent en faveur du climat. Un enjeu d’actualité au regard de la vitalité climatosceptique en France.

Pour comprendre ce que sont ces structures et ce qu’elles font dans le concret, nous avons interrogé une associée de Parlons Climat, Amélie Deloffre. Entretien à 1000 à l’heure (indice du débit de parole des concernées ;). 

N.B : Qu’est-ce que c’est exactement Parlons Climat ? 

A.D : Nous sommes une association de 4 personnes, dont 2 personnes au profil entrepreneurs et 2 communicant.e.s. Nous sommes entre l’agence de communication, le studio d’innovation et l’institut d’étude. On fait quelque chose qui aujourd’hui n’existe pas sur le marché. Notre conviction c’est que la compréhension fine de l’opinion publique couplée à la communication stratégique est une bonne clé pour réussir à embarquer une large partie des Français.e.s dans la transition écologique. Pour cela, nous nous appuyons sur une approche à la croisée des sciences humaines, de l’analyse de données, du design et de la communication.

N.B : Quelle est votre mission et comment cela se déploie dans le concret ?

A.D : Notre première vocation, c’est d’aider le mouvement climat (c’est-à-dire plusieurs associations comme Greenpeace, Alternatiba, Fondation pour la Nature et l’Homme, la LPO ou encore Oxfam). Plus spécifiquement, c’est d’engager un public le plus large possible sur le sujet. Le constat de départ, c’est que nous avons urgemment besoin de rallier l’opinion publique

Concrètement, cela passe par le fait de trouver de nouveaux éléments de langage, de nouveaux leviers d’engagement auprès de publics qu’ils ont moins l’habitude d’adresser. Les profils de communicants et d’entrepreuneurs sont aujourd’hui peu représentés dans le mouvement climat (les associations françaises, etc.) qui rassemble des personnes plutôt jeunes, qui n’ont pas nécessairement le temps, ni l’expérience professionnelle. Nous les aidons à professionnaliser leurs outils de communication, leurs méthodes et approches. 

Cela passe aussi par le fait de leur mettre à disposition des ressources (des études, des fiches persona) qui vont aider le mouvement climat à se structurer, à mieux appréhender ses “cibles” de communication, et donc à terme, de mieux les mobiliser lors de campagnes.
Cela passe enfin par le fait de faire remonter aux associations les préoccupations des Français.e.s pour faire mieux coïncider leur discours avec celles-ci à travers des formations par exemple. 

N.B : Chez Parlons Climat, vous travaillez avec les chrétien.ne.s et vous avez accompagné la création du premier think tank écolo de droite. Raconte-nous.

A.D : L’idée c’est toujours d’aller vers des publics traditionnellement peu réceptifs aux sujets climat. Ce qui était intéressant chez les chrétien.ne.s, c’est que l’on sait qu’ils et elles ont une attitude plus conservatrice que la moyenne, donc il y avait des … croyances à déconstruire ! Notre travail a consisté à former des coalitions d’acteurs pour les faire se rencontrer. Nous avons livré la première étude en France sur le rapport des chrétien.ne.s à la question climatique pour en tirer un Guide de communication en milieu chrétien

Pour faire émerger le premier Think tank écologie de droite, nous avons accompagné stratégiquement et opérationnellement le développement d’Écologie Responsable. Nous avons créé leur identité graphique, site web, développé leur stratégie réseaux sociaux.

Nous avons également tout un volet sur un sujet qui m’est cher, le voyage responsable avec la création d’un collectif Itinéraire Bis, pour amener journalistes et influenceur.euse.s “voyage” à changer les imaginaires qu’ils et elles promeuvent et par là même, la norme sociale en matière de vacances. Au total, ce sont 50 membres spécialistes du « voyage de demain » qui proposent ressources et sensibilisation à leurs pair.e.s. Nous travaillons d’ailleurs sur un guide pour les influenceur.euse.s qui sera porté par Greenpeace et Paye ton influence.

N.B : Et pour la suite, quels sont vos projets ? 

A.D : Nous sommes sur 2 nouveaux chantiers qui vont bientôt voir le jour : 
_ un gros dossier sur les Français.e.s et l’agriculture où nous allons étudier le rapport de la population et des agriculteur.rice.s aux sujets agro-alimentaires pour ensuite former les organisations intéressées et accompagner des campagnes à impact auprès de la majorité silencieuse agricole et de la population générale.
_ un focus sur ceux qui se considèrent comme oubliés du système et pour qui le pouvoir d’achat est une préoccupation centrale, qui éclipse largement l’écologie. Nous allons réalisé 40 entretiens quali pour mieux appréhender leurs préoccupations, leurs valeurs, leurs mode de vie et leurs sources d’infos, ce qu’on trouve dans leur fil Instagram, et pourquoi pas essayer de repérer des organisations émergentes qui pourraient porter les sujets climats dans le futur.

Merci Amélie. Vivement la suite !

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Nous restons en veille sur l’actualité de Parlons Climat et ne manquerons pas de vous partager les parutions à venir .

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